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1 = dans le catalogue de l'exposition "Supplément d'âme" de Jean-Luc Bari, à la Chapelle du Carmel, à Chalon-sur-Saône (71), octobre 2018.
Somme toute, la démarche de Jean-Luc Bari relève d’une posture duelle, celle d’une attention sensible au monde qui l’entoure et celle d’une irrésistible nécessité à vouloir le détourner. Pour le surprendre lui-même à sa propre réalité. Pour le faire basculer dans l’inattendu. Pour en décaler la perception. Non que l’artiste ne puisse se suffire du visible ou de son apparence, mais parce qu’il interroge leur pertinence, leur bien-fondé pour mieux les mettre en question. J’aime à penser que Jean-Luc Bari porte en lui une déception profonde, à savoir que la face si longtemps cachée de la lune n’était finalement pas si différente de celle observée depuis la terre.
Le regard que l’artiste pose sur tous les objets dont il se saisit pour en biaiser tant la nature que la fonction et nous en offrir à voir un autre aperçu ne me semble pas étranger, par ailleurs, à la façon dont certains écrivains jouent des mots, en toute liberté de leur sens commun. A leur instar, Bari organise toutes sortes de situations improbables qui confèrent à ces objets une dimension nouvelle, nous en proposent une autre lecture, nous obligent à les penser à l’encontre des canons et conventions qui les déterminent originellement. Jean-Luc Bari les charge tantôt d’un supplément d’âme, tantôt d’une plus-value ludique, tantôt d’une inquiétante étrangeté.
A ce jeu, il constitue une œuvre qui ne manque jamais d’interpeller le regard, qui le déroute souvent, qui l’émerveille parfois. Quelque chose de sain y est à l’œuvre qui fait écho à la formule de Louise Bourgeois affirmant : « Art is a guaranty of sanity » et dont la qualité première est de faire œuvre de salubrité sémantique. Comme on parle du sens des mots, l’art de Bari est requis par le sens des objets. Intitulée Hypothétiques sculptures, la série de dessins qu’il a réalisés au cours des presque vingt dernières années en dit long de la possibilité de leur réalité. Bien plus qu’un réservoir d’images, c’est un véritable manifeste, fruit de ce brainstorming incessant qui conduit l’artiste à générer tout un monde d’idées, lesquelles sont autant de manières de dire l’indicible du monde.
2 = entretien dans l'ouvrage "Du Monastère au Pôle Culturel de la Visitation", publié à l'occasion de l'inauguration des travaux de réhabilitation de l'édifice et à propos de l'action menée depuis 9 ans à la Chapelle de la Visitation, lieu dédié à l'art contemporain.
UNIVERSITE TOUS AGES de VANNES et sa REGION
39 bis rue Albert 1er
56000 Vannes
Conférence ouverte à tous
Dialogue avec IRIS LEVASSEUR autour de son travail de peinture
Conférence animée par Philippe Piguet
Si le dessin et la peinture constituent les médiums de prédilection d’Iris Levasseur, elle pratique certaines formes de l’art de l’estampe. La question de l’image figurée est au cœur de ses préoccupations dans une production de travaux qui en appellent à une iconographie contemporaine. Celle-ci est le plus souvent puisée aux sources des médias et de la photographie, lesquels lui servent de modèles à toutes sortes de collages et de montages préparatoires.
Rencontre avec une artiste, née en 1972, qui enseigne par ailleurs à l’Ecole nationale des Arts décoratifs de Paris.
Salle Robert Schuman (34 rue Louise Weiss, Dinan)
Mardi 25 septembre 2018 – 20h30
Entrée libre sur inscription
Somme toute, il y a deux manières d’entrer dans la peinture de Marion Charlet : soit par la petite porte – celle de la série des Gateways -, soit par la grande – celle des tableaux de grand format. De la même façon, l’artiste distingue deux catégories dans sa production de dessins : les aquarelles et les graphites. A première vue, tout semble ainsi relever d’une forme de rationalité que rien ne saurait perturber mais en vérité, qu’elle soit peinte ou dessinée, cette œuvre est plus complexe qu’elle ne le paraît. Séduisant par sa palette - comme peut l’être la peinture de David Hockney -, puissant par la qualité de son dessin et l’intensité de ses aplats, l’art de Marion Charlet s’applique à la représentation d’un monde à part, tant féerique qu’étrange, qui joue de compositions fortement structurées. Qui conjugue le vide et le plein, le clos et l’ouvert, le plan et la fuite. Qui mêle le construit et le naturel, le végétal et l’animal. Mais qui retient hors champ l’humain[...]
A l’écriture, au théâtre, au dessin et à la peinture, Novarina consacre depuis près de quarante ans une activité proprement boulimique maniant les mots et les images avec une profusion et une ivresse qui déroutent et fascinent tout à la fois. Né près de Genève, d’une mère comédienne et d’un père architecte, Valère Novarina a grandi à Thonon-les-Bains. Il y passe régulièrement de longues périodes se nourrissant sans cesse à la source langagière du patois, à la fréquentation régulière des figures locales et à l’ampleur de l’espace du paysage.
A La chapelle, plusieurs jours durant, Valère Novarina va installer son atelier, y travailler à son rythme, se saisissant de quelques séries existantes qu’il va parachever sur place pour les présenter hors toutes considérations de temporalité pour ce que toute œuvre procède d’abord et avant tout de sa nécessité et de sa pertinence. Au terme de cette forme de résidence, le visiteur prendra ainsi la pleine mesure du fait de création en découvrant aussi bien le travail exécuté que le lieu où il aura été réalisé. La création en acte, en quelque sorte.
On use souvent de l’expression « les peintres témoins de leur temps » mais, en fait, comment pourrait-il en aller autrement ? L’art est toujours contemporain de son époque et les artistes, quels qu’ils soient, en sont comme une caisse de résonance. Dans un monde bousculé comme est le nôtre, le rôle et la fonction de l’artiste est plus que jamais d’éveiller la conscience collective aux dérives qui le minent. Picasso, en son temps, s’était exclamé : « Que croyez-vous que soit un artiste ? », s’exclamait jadis Picasso. Un imbécile qui n’a que des yeux s’il est peintre, des oreilles s’il est musicien, ou une lyre à tous les étages du cœur s’il est poète, ou même s’il est boxeur, seulement des muscles ? Bien au contraire, il est en même temps un être politique, constamment en éveil devant les déchirants, ardents ou doux événements du monde, se façonnant de toutes pièces à leur image. »
Barthélémy Toguo et Duncan Wylie nous sont apparus partager ce même statut. Le choix qui a été fait de les réunir dans l’unité d’une même exposition tient non seulement à cela mais au fait qu’ils sont nés et ont été élevés tous deux en Afrique puis qu’ils se sont installés en France pour parfaire leur formation et gagner leur reconnaissance. Si l’un est originaire du Cameroun, développe une œuvre polymorphe qui emprunte tant au dessin et à la photographie qu’à la vidéo et à la performance, partageant sa vie entre Bandjoun et Paris, l’autre, d’origine anglo-saxonne, né au Zimbabwe, est pleinement peintre et dessinateur et vit entre Londres et Paris. Par-delà les différences qui sont les leurs, ce qui les rassemble est le regard qu’il porte sur le monde. Non point dans une même dynamique de création mais dans une même posture de réflexion humaniste.
Tandis que Barthélémy Toguo, dont le parcours atteste une forme permanente de nomadisme, est toujours prompt à se rendre in situ, pour éprouver les pulsations du monde et y répliquer dans toutes sortes de formes d’interventions, Duncan Wylie ne cesse d’être, quant à lui, à son écoute et, par le truchement des vecteurs médiatiques, d’en ausculter les soubresaut pour les porter à la dimension du symbole. Quelque chose chez eux relève d’une semblable volonté de dire le monde, de nous interpeller sur la condition humaine - façon Malraux – et de dessiller nos yeux pour ne pas se laisser piéger par l’autorité de l’apparence.
Tandis que celui-ci dénonce inégalités et injustices, prend la défense des minorités, tout en interrogeant nos valeurs, celui-là rend compte de la réalité chaotique du monde, vilipende l’absurdité du pouvoir, tout en quêtant après un équilibre. L’un comme l’autre nous mette au pied du réel, nous invitent à prendre la mesure de ce que la condition humaine est déterminée par toutes sortes de facteurs politiques, économiques et sociétaux. Artistes de leur temps, dans leur temps, Barthélémy Toguo et Duncan Wylie n’en sont pas moins – pour reprendre la formule picassienne – des « êtres politiques » et leurs œuvres, qu’elles soient figuratives ou conceptuelles, narratives, littérales ou symboliques, composent comme un grand livre d’heures sur le monde.
Philippe Piguet,
commissaire de l’exposition.
DRAWING LAB
17 rue de Richelieu
75001 Paris
ENTREE LIBRE
du dessin à l’ère de la vidéo et du numérique
Dès leur avènement, les nouvelles technologies n’ont pas tardé à envahir le monde de la création artistique. Parce qu’il est en amont de toute pensée plastique, le dessin n’y a évidemment pas échappé et il s’est fait tantôt vidéographique, tantôt d’animation, les artistes se découvrant volontiers gourmands de numérique, comme ils le sont toujours de toutes les nouveautés techniques qui apparaissent au fil du temps.
A l’exercice de la vidéo ou du D.A.O. – le dessin assisté par ordinateur – et de toutes les applications subséquentes – Photoshop, e-design, Paint, etc. -, les artistes sont amenés à composer avec une autre temporalité dans un rapport au support et à l’espace également autres. C’est dire à la surprise de quel univers de création le regard est convoqué...