« apprendre à voir » pour être au monde
Assis sur un fauteuil en rotin, son chevalet portatif devant lui, chapeau de paille sur la tête, chemise fleurie, le buste légèrement en avant, bras tendu vers sa toile, il tient son pinceau par le bout pour y déposer une touche de couleur. Le peintre est au travail. La photographie noir et blanc qui le représente de profil ne nous renseigne pas où il se trouve, sinon à l’extérieur, dans un jardin. En revanche, elle nous informe qu’il fait beau soleil et qu’il s’est installé face à lui étant donné l’ombre au sol de son chevalet et son tableau dans la pénombre. S’il est difficile d’identifier le motif dont Serge Constantin s’est saisi, l’image nous enseigne la façon dont il travaillait à distance, sans doute pour mieux tenir son regard tout en même temps sur le sujet et sur sa toile. Le peintre affichant une extrême concentration, revient alors en mémoire la précieuse parole de Delacroix : « Le sujet, c’est toi-même, ce sont tes impressions, tes émotions devant la nature. C’est en toi qu’il faut regarder et non autour de toi. »...
Ph.P.
extrait de la préface du catalogue