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Par Philpiguet
A ne manquer sous aucun prétexte !
En Allemagne, on les appelle les « Wunderkammer », littéralement les « chambres des merveilles » ; chez nous, on parle de « cabinets de curiosités ». Ceux-ci imaginés à une époque où la langue latine était de référence, on disait alors « curios et mirabilia » et ceux qui se flattaient d’y rassembler toutes les merveilles de la nature étaient en quête des créations les plus imprévisibles. Les sporées que réalise Anouck Durand-Gasselin appartiennent à cette espèce de curiosités et de merveilles qui trouveraient leur juste place dans les cabinets du temps jadis. Des relations entre art et science dont elles sont issues, à savoir une connaissance affinée du monde des champignons et l’invention plastique d’un protocole de travail destiné à recueillir leurs humeurs, l’artiste enrichit le grand livre d’un chapitre inédit et subtil. En laissant les chapeaux de ceux-ci s’épancher en surface de papier photographique ou de plaque de verre et en récupérant leur sporulation, Anouck Durand-Gasselin met en œuvre les mécanismes fondamentaux d’une singulière révélation. Le fait photographique y trouve là une formulation au plus près de sa nature ontologique : l’image advenue résulte d’une alchimie du réel qui interroge le regard sur ce qui est donné à voir. Elle ne ressemble à rien, sinon à ce quelque chose de mystérieux qui procède d’une forme du vivant et qui paraît extrait des « coulisses de la vie », comme en parlent les surréalistes. D’autant que chacune des images d’Anouck Durand-Gasselin renvoie par ailleurs à l’idée d’un nucleus, qu’il soit en formation ou en éclatement, dans tous les cas dans un mouvement.
Philippe Piguet
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