Le blog de Philippe Piguet

Art sacré - L'église du Plateau d'Assy, en Haute-Savoie

Entretien avec Maxime Duveau

Emmanuel Régent

L’écho des profondeurs

   Inscrite dans le cadre de la programmation 2023-2024 dont le thème générique est « L’éclectisme & l’hybride », l’exposition que consacre La chapelle de la Visitation,  à Emmanuel Régent est l’occasion de découvrir l’un des aspects de son travail. De fait, si celui-ci s’est plus particulièrement fait connaître par son œuvre graphique, au dessin hachuré en noir et blanc, il n’en multiplie pas moins les modes d’expression, notamment la peinture. La singularité des modes opératoires qu’il met en jeu à l’exercice de celle-ci distingue sa démarche en l’inscrivant avec force et pertinence à l’aune de sa culture méditerranéenne, et pour tout dire maritime. La mer y est en quelque sorte le fil conducteur, non pas narratif mais inductif.

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   On connaît la chanson de Renaud - Dès que le vent soufflera - et son refrain chaque fois modulé, ainsi du cinquième et avant-dernier :

« C'est pas l'homme qui prend la mer

C'est la mer qui prend l'homme

Moi, la mer, elle m'a pris

Et mon bateau aussi... »

Si celui d’Emmanuel Régent n’est pas un trois-mâts, comme le poursuit Renaud, mais un voilier plus modeste, la parole du troubadour ne colle pas seulement à la peau de l’artiste, elle souligne d’emblée ce qui le constitue : la mer et son bateau. Natif de Villefranche-sur-Mer, sur la Côte d’Azur - « la plus belle rade au monde » affirme-t-il -, le peintre et dessinateur y vit et y travaille depuis tout juste cinquante ans. C’est « son » territoire, là même où il puise son inspiration. Que ce soit la pêche au palangre ou la pratique de l’apnée, que ce soient ce bloc de rochers qu’il a choisis pour motif de ses dessins, que ce soit la contemplation des couchers de soleil, tout son travail artistique résulte de cette proximité avec le territoire. Emmanuel Régent n’en est pas pour autant un « artiste local », loin de là, mais un artiste des profondeurs, ainsi que tous ses travaux s’en font l’écho. Versant peinture, ils conjuguent une réflexion sur le principe de révélation, la pratique du monochrome et la question de la figure...

En écho à Drawing Now Art Fair, le salon du dessin contemporain, Mathieu Dufois est l'invité de cette nouvelle séance d'artokino.

Dessinateur hors pair, celui-ci développe tout un travail de films d'animation autour de la question de la mémoire, inspiré par le film noir hollywoodien.

A partir de dessins à la pierre noire, de documents d'archives et de maquettes, l'artiste nous plonge dans un univers mélancolique d'une rare force poétique.

Ph.P.