"Alain Kirili, Variations"
"[...] S’il reconnaît que l’ouvrage de Gilles Deleuze, Répétition et différence, paru en 1965, fondé sur la possibilité d’une œuvre sans commencement ni fin, l’a provoqué à réaliser son premier Commandement en 1980, Alain Kirili n’a jamais caché sa fascination pour l’œuvre à l’étendue océanique du peintre de Giverny. Le projet de ce dernier porté à sa résolution en deux immenses ellipses se développant à 360° degrés lui est toujours apparu comme l’un des exemples les plus puissants de la modernité et les Nymphéas dans leur diversité formelle – tableaux individuels et ensemble décoratif - comme une œuvre tout à la fois une et multiple.
Depuis 1980, Alain Kirili développe un travail qui s’inscrit à l’ordre d’une série d’œuvres qu’il a désignées du nom de « Commandement ». Si la première version en métal forgé et assemblé – Commandement I (1980) - se trouve au musée Ludwig à Cologne, il en a installé une, toute peinte en blanc, en 1986 – Grand commandement blanc – sur une pelouse du jardin des Tuileries, à proximité de l’Orangerie qui abrite l’œuvre magistrale de Monet, puis quelques années plus tard en a réalisé une autre en « hommage au peintre », en béton moulé et coloré, d’une grande pureté et d’une extrême économie formelle, présentée à l’intérieur même du bâtiment. Avec ces Commandements, entre sculpture et écriture, Alain Kirili inventait là une forme d’œuvre, que l’on pourrait qualifier de post-minimaliste, s’offrant à voir comme un espace de méditation syncrétique et universel. "[...]
Ph.P.