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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 18:28

 

 

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Li Xin, encre sur papier

 

Li Xin, flux et reflux de la peinture

« Le sujet, c’est toi-même, ce sont tes impressions, tes émotions devant la nature. C’est en toi qu’il faut regarder et non autour de toi. » Ainsi s’exprime Eugène Delacroix dans son Journal. Face aux œuvres de Li Xin, ces paroles résonnent d’un timbre particulier. Elles nous invitent à prendre la mesure d’une démesure, celle d’un espace qui s’étend à l’infini et que l’artiste aspire à embrasser. La couleur monochrome, les îlots de matière, les coulées et les brèches, le flux et le reflux, tout concourt à déterminer son art à l’aune d’une expérience mentale, sensible et mémorable dont le Fleuve Jaune est le motif originel. Li Xin le porte en lui, comme Cézanne disait : « Le paysage se pense en moi et je suis sa conscience ». Tous les gestes du peintre qui font au fil du temps ses tableaux procèdent de ce seul et unique motif. S’il sait que donner à voir le paysage dans sa totalité et dans sa plénitude absolue tient d’un pari fou, il s’est inventé les moyens d’en faire un organisme naissant.

« L’eau, dit Li Xin, c’est mon matériau principal. » Elle est en effet celle par qui la peinture existe. Celle qui en informe l’image dans les événements, voire les accidents de son étendue. Pour ce faire, le peintre dit qu’il la fait boire à ses papiers, choisis avec soin pour leur qualité d’absorption. La peinture de Li Xin procède ainsi de la dualité d’une osmose : d’une part, des effluves de l’encre qu’il se fabrique lui-même à partir de pigments bruts et qui s’approprie lentement le champ iconique ; de l’autre, du ressenti de l’artiste dont le corps est le vecteur. Ce qu’il en résulte ne sont pas des monochromes au sens plat du mot  mais tout un monde de variations d’un même ton qui se décline entre infra mince et densité. L’écho mémorable du Fleuve Jaune y détermine comme une géologie de la peinture que les humeurs du temps font adhérer au concept de vitalisme, cher au Siècle des Lumières, et que celles de l’artiste rattachent au principe de nécessité intérieure défendu par Kandinsky. Adossé à ces référents, l’art de Li Xin instruit les termes d’une pensée picturale prospective qui se fonde sur la tradition tout en la ressourçant.

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